Maria Montessori
Maria Montessori

Maria Montessori (1870-1952) était une des premières femmes médecin italienne et une pédagogue engagée qui a mis au point une méthode d’éducation centrée sur le développement de l’enfant, communément appelée “la méthode Montessori” ou encore “la pédagogie Montessori”.

Retour sur la vie de Maria Montessori, femme brillante et déterminée, à travers quelques-unes de ses citations. Vous trouverez les informations clefs afin de comprendre les fondements de sa pédagogie révolutionnaire ainsi que les raisons de son succès fulgurant à l’échelle mondiale.

Sommaire de cet article

L’enfance de Maria Montessori

Un contexte familial déterminant

Maria Montessori est née le 31 août 1870 à Chiaravalle, dans la région des Marches à l’est de l’Italie.

Son père, Alessandro Montessori, comptable dans l’industrie du tabac et du sel, est issu d’une famille noble et conservatrice. Ancien militaire ayant milité au sein du mouvement “Risorgimiento” pour la réunification et la libération de l’Italie en 1870, c’est un homme plutôt rigide. 

La mère de Maria, Renilde Stoppani, est une femme passionnée de littérature ayant reçu une éducation stricte au sein d’une famille aisée et catholique. Néanmoins, c’est elle qui aura sans doute, par sa vision libérale, la plus grande influence sur le destin de sa fille unique. En effet, son esprit de modernité se distingue à une époque où les femmes ont un rôle et une place quasi inexistants dans la société. Elle soutiendra donc Maria à se battre pour ses ambitions et son indépendance tout au long de sa vie.

Une enfant brillante et déterminée

Malgré une éducation stricte, Maria reçoit de sa mère des valeurs de compassion puisqu’elle apprend à tricoter pour les enfants les plus démunis. 

Quelque peu frustrée de la configuration des salles de classe, elle est toutefois une élève brillante qui rassemble ses camarades de classe autour des jeux. Elle se voit d’ailleurs remettre dès le primaire un certificat de bonne conduite puis une récompense l’année suivante pour ses travaux de couture.

Studieuse, elle demande à ses parents de poursuivre ses études, ce qui est alors rare pour les filles de l’époque. 

La famille Montessori déménage alors à Rome. Alessandro Montessori envisage une carrière d’institutrice pour sa fille étant par ailleurs la seule filière ouverte aux filles. Mais, Maria ayant développé très tôt un intérêt pour les mathématiques doit s’opposer fermement à son père et s’appuyer sur le soutien de sa mère pour pouvoir être scolarisée au collège technique “Michelango Buonarotti” exclusivement fréquenté par des garçons, duquel elle sera diplômée en 1886. 

Rêvant de devenir ingénieur, elle poursuit malgré les réticences sociales son cursus secondaire en intégrant le lycée technique Léonardo da Vinci. Elle obtient avec facilité son baccalauréat en 1890 et est désormais passionnée de biologie ce qui la pousse à effectuer une licence de sciences naturelles. 

Mais, la nouvelle ambition de Maria Montessori est de devenir médecin. Pour cela, elle devra encore lutter contre la misogynie de la société italienne et les barrières d’accès à la faculté de médecine.

Maria Montessori jeune
La jeune Maria Montessori

De la médecine à la pédagogie

Première femme médecin d’Italie

Déterminée, Maria Montessori a bravé tout au long de son parcours éducatif les critiques sociétales puisqu’aucune autre femme en Italie n’avait jusqu’alors eu le courage d’affronter le regard de la société pour se frayer un chemin vers la faculté de médecine. 

Elle fait l’objet de moqueries de la gente masculine mais ne se laisse pas pour autant impressionner. Elle rétorquera :

“Soufflez messieurs, soufflez, plus vous soufflerez, plus j’irai loin”

C’est donc par un esprit d’acharnement que Maria obtient en 1896 son diplôme de docteur en médecine avec une thèse dans le domaine de la psychiatrie, puis une licence en biologie, philosophie et psychologie. 

Ayant souffert de l’idéologie phallocratique, elle interviendra à différents Congrès International des Femmes pour défendre les droits politiques, économiques et sociaux des femmes.

Maria Montessori étudiant
Maria Montessori 1ère femme médecin en Italie

L’observation de l’enfant déficient en hôpital psychiatrique

Elle obtient alors un poste en tant qu’assistante dans un hôpital psychiatrique de Rome où adultes et enfants vivent ensemble, ce qui la choque profondément. À sa demande, le directeur de l’hôpital accepte de mettre les enfants dans une salle à part créant ainsi l’un des premiers services pédo-psychiatriques d’Italie.

C’est en observant les enfants à manipuler des miettes de pain qu’elle réalise l’importance des objets et des jouets dans l’apprentissage de l’enfant.

En 1898, lors du Congrès pédagogique de Turin où elle présente ses conclusions sur ses années auprès des enfants dits “débiles”, Maria Montessori prend la défense des enfants malades mentaux : 

“Les enfants déficients ne sont pas des hors la loi, ils ont des droits. Ils ont droit à tous les bienfaits de l’instruction.”

Elle suscite ainsi l’attention du ministre de l’instruction publique italien, Guido Bocelli, qui lui confie le poste de directrice de l’école orthophrénique de Rome accueillant des enfants déficients mentaux.

Les prémices de la méthode Montessori

Qui était Maria Montessori ? Biographie d'une vie extraordinaire 21
Jean Itard

Montessori s’intéresse alors aux travaux pédagogiques de deux médecins et pédagogues français effectués sur les enfants “arriérés” : Jean Itard, dont elle traduira les travaux, et ceux d’Édouard Séguin, “l’instituteur des idiots”. 

Ce dernier fut une très grande source d’inspiration sur la méthode de pédagogie de Maria puisqu’elle va reprendre le matériel utilisé par Séguin comme moyen de développement sensoriel et de motricité pour l’expérimenter sur les enfants dont elle a la charge

C’est un véritable succès. Les enfants apprennent à lire, à écrire et à compter. Elle se met alors au défi de leur faire passer l’examen de fin d’études ce qu’ils parviennent à obtenir et avec un meilleur taux de succès que les enfants “normaux”. 

Il n’en fallait pas plus à Maria Montessori pour aiguiser sa curiosité et chercher à comprendre ce qui empêche les enfants sains et heureux des écoles traditionnelles de ne pas exceller aux examens.

Naissance de la première “école Montessori”

Avec l’accroissement du taux de pauvreté dans la capitale romaine Maria Montessori se voit confier un nouveau projet : prendre en charge les enfants de 3 à 6 ans laissés pour compte du quartier San Lorenzo. Naît alors la « Casa dei Bambini » en janvier 1907 au sein de laquelle Maria entreprend de nombreuses expérimentations lui permettant de peaufiner le matériel confié aux enfants et de créer un “environnement préparé”.

C’est un environnement propre, structuré et rangé selon les principes Montessori, sécurisant et sécurisé, attrayant et stimulant pour les sens.

Il est conçu pour avoir libre accès aux objets du quotidien. L’éducateur y est en retrait tout en étant pleinement disponible pour l’enfant qu’il observe et guide vers le déploiement de son autonomie. Il va ainsi favoriser le développement de l’enfant qui se dirige alors par lui-même vers une certaine activité.

Maria Montessori découvre par exemple que la libre mise à disposition de meubles à la hauteur des enfants favorise leur curiosité et participe aux développement de leurs cinq sens.

ecole montessori

“De 0 à 6 ans se forment non seulement l’intelligence mais aussi l’ensemble des facultés psychiques.”

Certains acquièrent même la notion d’hygiène comme se laver les mains ou se moucher tout seul pendant que d’autres apprennent à faire leurs lacets et à ranger par eux-mêmes le matériel.

Elle fait en sorte que les enfants se sentent en sécurité en veillant à ce que leurs pieds touchent par terre.

Les journées sont rythmées par des activités variées comme de la gymnastique, le chant, la peinture au moyen desquelles elle leur apprend les valeurs comme par exemple le respect d’autrui, le respect de l’environnement et l’entraide. L’enseignant tient un rôle de guide et de conseiller afin de laisser une certaine liberté à l’épanouissement de l’enfant. 

“La qualité fondamentale pour le parent ou l’éducateur est de savoir observer”

Il est primordial, selon Maria Montessori, d’observer l’enfant pour déterminer sa “période sensible” (terme emprunté au biologiste Hugo de Vries lors de leur rencontre aux Pays-Bas en 1917) c’est-à-dire la phase adéquate pendant laquelle il sera apte à acquérir certaines compétences comme apprendre à marcher, lire ou compter. L’enfant dispose à ce moment-là d’une concentration intense pour apprendre la compétence qu’il aura choisi. 

C’est à l’adulte de faire preuve de vigilance car ces périodes sont invisibles et il faudra donc savoir capter ce moment pour laisser agir librement l’enfant.

C’est en effet entre la naissance et l’âge de 6 ans que l’enfant dispose d’un “esprit absorbant”, qui désigne sa capacité extraordinaire d’absorber la connaissance pour pouvoir s’instruire tout seul. L’enfant apprend alors sans effort dans son psychique et de manière inconsciente, là où à l’âge adulte il devrait redoubler d’effort.

L’internationalisation de la pédagogie Montessori

Déterminée à continuer dans cette voie, Maria Montessori quitte la médecine en 1910 pour se consacrer pleinement à sa recherche sur le monde intérieur de l’enfant. Elle publie alors son premier ouvrage “La Pédagogie scientifique”, dans lequel elle explique les fondements de sa conception de l’éducation puis écrira par la suite de nombreux autres écrits sur le sujet. Ses ouvrages remportent un véritable succès et sont traduits en une vingtaine de langues. 

Parallèlement, elle propose aussi des cours suivis par une centaine d’enseignants pour se former à la pédagogie Montessori. Parmi eux, Anne E. George, une Américaine qui découvre avec attention cette forme de pédagogie et l’importe en créant en 1911 la première école Montessori outre-AtlantiqueAlexander Graham Bell, l’inventeur du téléphone, participera également à l’expansion du concept en créant dans sa maison une classe Montessori.

De par ses nombreuses participations aux séminaires et cours internationaux, Montessori va poursuivre sa conquête internationale. Toutefois, son paisible esprit de liberté la conduira à se tenir éloigner de l’Espagne et de l’Italie avec respectivement l’émergence de la guerre civile et la montée du nazisme. 

Contrainte de faire fermer ses écoles en Italie, elle part en exil aux Pays-Bas où elle a fondé en 1929 l’Association Montessori Internationale (AMI). Puis elle publie L’enfant, véritable succès auprès des enseignants du monde entier exposant sous forme de petits chapitres l’ensemble de sa pédagogie. 

Elle s’envole par la suite pour l’Inde afin d’échapper à la Seconde Guerre Mondiale. Elle y sera d’ailleurs assignée en résidence à Madras, considérée comme ennemi de l’Italie.s

Une pédagogie au service de la paix

“Établir la paix durablement est le travail de l’éducation. La politique ne peut qu’éviter la guerre.”

En Inde, elle rencontre notamment Gandhi et Tagore, deux pacifistes qu’elle admire. Elle continue alors à promouvoir sa pédagogie visant à construire un monde plus respectueux et surtout, en ces temps de guerre, un monde où règne la paix. 

Membre de la délégation italienne de l’Unesco en parallèle de ses travaux, Maria Montessori sera nominée plusieurs fois pour le prix Nobel de la Paix et décorée à 82 ans de la Légion d’honneur en France par Léon Blum.

La “Signorina Montessori” décède le 6 mai 1952 à Noordwijk aan Zee, aux Pays-Bas. Elle aura vécu les plus grandes évolutions du 20e siècle, et consacré l’immense partie de sa vie aux enfants. C’est d’ailleurs à eux qu’elle dédiera un dernier message gravé sur sa tombe :

“Chers enfants, qui avez tant de possibilités, je vous prie de vous unir à moi et de construire ensemble la paix en l’homme et dans le monde”.

Maria Montessori conférence

L’héritage de Maria Montessori

Mario Montessori, son fils unique

Lors de ses travaux en hôpital psychiatrique, Maria s’était entourée de Giuseppe Montesano, l’un des fondateurs de la psychologie pour avancer dans ses travaux dont elle tombera amoureuse.

De cette union naîtra Mario, qui sera élevé par la mère de Maria. Cet enfant illégitime, symbole de honte à l’époque, ne sera pas reconnu par son père ayant mis un terme à sa relation avec Maria. Cette dernière devra ainsi le garder dans l’ombre afin de pouvoir continuer ses travaux de recherches. Elle lui rendra néanmoins visite chaque semaine jusqu’à en récupérer la garde en 1912.

Mario, devenu pédagogue, travaillera aux côtés de sa mère et participera au développement de la pédagogie Montessori jusqu’à son propre décès en 1982.

La place de la pédagogie Montessori aujourd’hui dans le monde

Bien que de nouvelles formes de pédagogies alternatives aient vu le jour, la méthode Montessori reste la plus répandue dans le monde. En effet, l’AMI répertorie aujourd’hui pas moins de 20 000 écoles Montessori dans une cinquantaine de pays du monde entier dont 5 000 sur le continent américain.

En France, ce chiffre est porté à environ 200 et concerne surtout des établissements privés.

“N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands.”

Malheureusement, le désir affiché par la pédagogie de Maria Montessori de réformer et d’adapter la conception de l’enseignement classique pour le rendre accessible à tous n’est à l’heure actuelle pas encore réalisé. En effet, tous les établissements ne bénéficient pas à l’heure actuelle d’aides de l’Etat ce qui constitue bien souvent un frein pour certaines familles. 

Il n’en demeure pas moins que la méthode continue à séduire par la mise en évidence des bénéfices sur l’apprentissage des enfants. Une étude de la revue Science a ainsi démontré l’efficacité des écoles Montessori par rapport aux écoles traditionnelles

Ces établissements permettent en outre aux familles amenées à se déplacer de permettre à l’enfant de retrouver la confiance dans un environnement pédagogique qui lui sera familier.

➤ Les écoles Montessori sont réputées pour avoir permis de former de nombreuses personnalités parmi lesquelles : Bill Clinton (42e président des Etats-Unis), Larry Page (fondateur de Google), Roger Federer, Gabriel Garcia Marquez (prix Nobel de littérature), Anne Franck ou bien encore le Prince William (duc de Cambridge).

Rédactrice web, je suis passionnée de voyages. J’aime apprendre et découvrir de nouvelles cultures (et leurs gastronomies) ! D’esprit polyvalent, je m’adapte à tout et suis toujours partante pour de nouvelles aventures !
Pauline

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